Selon différentes études, un enfant voit en moyenne sa photo partagée en ligne 1 300 fois avant l’âge de 13 ans, et ce avant même qu’il puisse légalement créer son propre profil sur des médias sociaux comme Facebook ou Instagram.
Alors qu’une proposition de loi contre le « sharenting » est actuellement débattue à l’Assemblée nationale française, il est important de rappeler que publier des photos de ses enfants n’est pas sans conséquence.
Qu’est-ce que le sharenting ?
Le « sharenting » est un néologisme anglais qui résulte de la combinaison des termes « sharing » (partage) et « parenting » (parentalité). Ce terme désigne la pratique courante des parents qui partagent des informations, des photos, des vidéos ou des histoires sur leur vie quotidienne avec leurs enfants sur les réseaux sociaux et les plateformes en ligne.
Le sharenting est devenu une tendance importante ces dernières années, en particulier avec l’essor des réseaux sociaux, et soulève des questions sur la protection de la vie privée des enfants et sur les risques liés à l’exposition en ligne.
Les plateformes sur lesquelles les parents partagent le plus souvent des photos ou des vidéos de leurs enfants varient en fonction des régions, des générations et des cultures, mais généralement les plateformes les plus populaires sont : Facebook; Instagram, TikTok, Youtube,Snapchat et Pinterest.
Partage de moments de vie avec la famille et les amis
Le sharenting permet aux parents de partager des moments de leur vie quotidienne avec leur famille et leurs amis qui peuvent être éloignés géographiquement. En publiant des photos et des vidéos de leurs enfants, les parents peuvent maintenir des liens avec leur entourage et permettre à leur famille et leurs amis de suivre leur croissance et leur développement.
Des souvenirs à conserver pour les enfants
Le sharenting permet aux enfants d’avoir des souvenirs à conserver pour l’avenir. Les photos et les vidéos publiées par les parents peuvent constituer une archive précieuse pour les enfants lorsqu’ils grandissent et qu’ils souhaitent se remémorer leur enfance.
Les parents partagent-ils trop d’information sur leurs enfants sur les réseaux sociaux ?
Il existe plusieurs statistiques sur le phénomène de sharenting, voici quelques-unes d’entre elles qui nous permettent de nous rendre compte de ce phénomène :
- Selon une étude menée en 2018 par l’entreprise de sécurité McAfee, 71% des parents aux États-Unis partagent des photos, des vidéos ou des informations sur leur enfant en ligne.
- Toujours selon cette même étude, 56% des parents partagent des photos de leur enfant au moins une fois par mois.
- En France, une enquête réalisée en 2017 par l’association Génération Numérique a révélé que 86% des parents français partagent des photos ou des vidéos de leur enfant en ligne.
- Cette même enquête a également montré que 65% des parents français partagent des photos de leur enfant sur les réseaux sociaux.
- Une étude réalisée en 2019 par la société de sécurité Norton LifeLock a révélé que plus de la moitié des parents (56%) ont déjà partagé des informations personnelles ou des photos de leur enfant en ligne sans prendre de mesures de sécurité appropriées.
- Selon cette même étude, 38% des parents ont partagé des photos de leur enfant sur les réseaux sociaux sans avoir informé leur enfant de leur intention de le faire.
Ces statistiques montrent que le phénomène de sharenting est très répandu, mais qu’il comporte également des risques. Il est donc important pour les parents de faire preuve de prudence et de responsabilité lorsqu’ils partagent des informations ou des photos de leur enfant en ligne.
Quels sont les risques liés au sharenting ?
En partageant des photos mettant en scène des enfants, les parents créent non seulement leur empreinte numérique mais également un profil numérique.
Nos informations personnelles publiées en ligne ont la faculté d’y rester en ad vitam aeternam, formant ainsi notre empreinte ainsi qu’un profil numérique.
Réalisons aujourd’hui à quel point nous influençons l’empreinte numérique future de nos enfants et prenons non seulement les bons réflexes pour les protéger du cyber-harcèlement et d’autres problèmes de cyber-violences, mais également d’agir sur leur futur profil social, en tant que citoyens numériques.
Vie privée et sécurité en ligne des enfants
En publiant des informations et des photos de leurs enfants sur les réseaux sociaux, les parents peuvent involontairement exposer leur vie privée et leur sécurité en ligne. Les photos peuvent être récupérées et utilisées à des fins malveillantes, notamment par des prédateurs sexuels ou des voleurs d’identité. Les enfants peuvent également devenir la cible de moqueries ou de harcèlement en ligne, surtout si les photos publiées sont embarrassantes ou vulnérables.
Risques juridiques pour les parents
Le sharenting peut également entraîner des risques juridiques pour les parents. Les photos publiées peuvent violer le droit à l’image de l’enfant, et les parents peuvent être tenus responsables des dommages causés par ces publications. De plus, les publications peuvent également porter atteinte à la vie privée d’autres personnes, comme les enseignants ou les amis des enfants, ce qui peut entraîner des actions en justice.
Impacts sur la vie des enfants plus tard
Enfin, le sharenting peut avoir un impact sur la vie des enfants plus tard, surtout lorsque ces publications sont faites sans leur consentement. Les enfants peuvent se sentir embarrassés ou en colère lorsqu’ils découvrent des photos ou des informations personnelles qui ont été partagées en ligne, surtout si ces informations ont été partagées sans leur consentement. Les publications en ligne peuvent également affecter la réputation des enfants à l’âge adulte et avoir des conséquences négatives sur leur vie professionnelle.
En somme, il est important pour les parents de prendre en compte les risques associés au sharenting et de pratiquer cette activité de manière responsable et prudente pour protéger la vie privée et la sécurité en ligne de leurs enfants. Les parents doivent également respecter le choix de leurs enfants et éviter de publier des informations ou des photos embarrassantes ou potentiellement préjudiciables.
7 conseils pour pratiquer le sharenting de manière responsable
Pour pratiquer le sharenting de manière responsable, voici quelques conseils à suivre :
1. Établir des limites
Il est important d’établir des limites sur ce qui peut être partagé en ligne. Les parents doivent prendre le temps de réfléchir aux informations et aux photos qu’ils partagent, en se demandant s’ils ne risquent pas de porter atteinte à la vie privée ou à la sécurité de leur enfant.
2. Respecter le choix de l’enfant
Il est important de respecter le choix de l’enfant. Les parents doivent éviter de publier des photos ou des informations que leur enfant ne souhaite pas partager en ligne. Il est également important de ne pas embarrasser ou ridiculiser l’enfant en ligne.
3. Protéger l’identité de l’enfant
Les parents doivent prendre des mesures pour protéger l’identité de leur enfant en ligne. Ils doivent éviter de publier des informations sensibles telles que le nom complet de l’enfant, son adresse ou sa date de naissance.
4. Surveiller les paramètres de confidentialité
Si certains parents ne peuvent s’abstenir de publier des photos, il est important de surveiller les paramètres de confidentialité de tous les contenus partagés. Il faut se poser la question de la propriété et des accès aux données partagées.
Les plateformes améliorent régulièrement les possibilités de personnaliser ses paramètres de confidentialité, les passer en revue prend peu de temps et permet de s’assurer que le niveau de confidentialité choisi n’a pas évolué.
5. Éduquer les enfants à la sécurité en ligne
Les parents doivent prendre le temps d’éduquer leurs enfants à la sécurité en ligne et aux risques associés à l’exposition en ligne. Ils doivent apprendre à leurs enfants à se protéger et à protéger leur vie privée en ligne.
6. Sharenting : Éviter le partage de photos explicites
Il faut éviter de partager des photos explicites des enfants, par exemple lorsqu’ils se baignent. Ces photos peuvent faire l’objet de captures d’écran ou être téléchargées et envoyées à n’importe qui
7. Ne pas tout attendre du cadre légal sur le sharenting
Même le RGPD et son droit à l’oubli ne peuvent éliminer le risque qu’une photo embarrassante soit conservée sur le disque dur de quelqu’un qui a fait une capture d’écran. Même si elle a été effacée à sa source, l’information peut réapparaître sur Internet dans le futur et devenir un fardeau, compliquant, par exemple, des futures demandes d’emploi ou des futures relations.
En suivant ces conseils, les parents peuvent pratiquer le sharenting de manière responsable et minimiser les risques associés à l’exposition en ligne de leur enfant.